
25 juin 2025 - 1455 vues
Pour la Confédération paysanne la loi Duplomb rate la cible. Elle ne répond en rien à la garantie et à la
sécurisation des revenus agricoles, ou à la problématique de renouvellement des générations d’agriculteurs.
La loi Duplomb, supposée lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur, reprend sans filtre les
demandes du lobby agro-industriel qui fait de la préservation de l'environnement le bouc émissaire de la crise
agricole .Elle ne vise qu’à favoriser le développement de l’agro business avec entre autres la concentration
d’élevages industriels, au détriment de l’élevage paysan et du maintien des prairies haies zones humides
indispensable au cycle de l’eau. A la Confédération
paysanne nous voulons des fermes nombreuses avec des voisins paysans sur tout le territoire. Nous refusons
la course à l’agrandissement et l’augmentation exponentielle de la taille des fermes. Nous sommes favorables
à un partage équitable de la ressource en eau. La loi Duplomb organise le contraire et installe la concurrence
entre l’agriculture de fermes et une agriculture de firmes fortement encouragées dans le texte. Nous avons
besoin d'une loi qui réponde réellement aux problèmes du monde agricole, des revenus décents et des prix
rémunérateurs, et une meilleure protection sociale, favoriser les productions locales pour une consommation
locale, et la mise en place de régulations aux frontières nationales pour donner de l'air aux productions
intérieures et un accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous via une sécurité sociale de
l'alimentation.
Nous voulons un juste revenu pour des paysans libérés des distorsions de concurrence des importations par
l’instauration de prix minimum d’entrée sur le marché intérieur calés sur le prix de revient des productions
nationales et applicables à l’ensemble des productions importées.
Ce ne sont pas les réglementations aidant à préserver notre santé et notre environnement qui entravent
notre métier, c’est le manque de revenu ! Nous sommes nombreux engagés dans les filières de qualité où
l’agronomie et la coopération avec la nature sont déterminantes. Nous contestons ce texte qui piétine
l'environnement et la biodiversité. Prétendre lever des « entraves » en ré-autorisant des molécules nuisibles
à la vie des abeilles et à la qualité de l’eau, c’est faire le choix de revenir sur les filières investies dans les
démarches qualitatives. La loi Duplomb c’est faire le jeu de la compétitivité à tout prix : une logique que l’on
retrouve dans les accords de libre-échange Mercosur qui alimentent la concurrence déloyale et détruisent le
revenu des agriculteurs, en France et ailleurs.
Cette loi ignore la recherche en matière d’alternative aux pesticides et entérine le recours systématique à des molécules
détruisant les abeilles et les pollinisateurs des cultures. Le nombre de cancers et maladies neurodégénératives est en
augmentation constante, l'eau courante est polluée par des molécules issues de l'agrochimie. La biodiversité s'effondre et
la ressource en eau qui se raréfie est accaparée par une poignée de grosses structures industrielles. En tant
qu'agriculteurs et agricultrices, nous sommes nous-mêmes les premières victimes de la course à l'industrialisation :
endettement, maladies professionnelles, désertification sociale, concurrence permanente, course à la productivité,
vulnérabilité aux bouleversements climatiques et déshumanisation du métier.
La Confédération paysanne demande aux parlementaires concernés de ne pas céder aux pressions commandées
par une vision industrielle de l’agriculture mais à défendre des mesures qui sécurisent la rémunération des
agriculteurs et protège la santé publique.
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