
09 octobre 2025 - 399 vues
Dans la dernière édition de Quidam, Laurent Bruneau, chef de file de la gauche LFI sur Agen, assure la main sur le coeur que s’il est élu, il n’augmentera pas les impôts des agenaises et des agenais. Dans le même article, il enfile un nombre considérable de contre-vérités auxquelles Mohamed Fellah apporte ci-dessous un démenti aussi efficace que cinglant. Mais sur le fond, la vérité est tout autre, en matière de fiscalité, à Agen, la gauche a une histoire dont les agenais ont gardé une mémoire précise. Arrivé au pouvoir en 2001, Alain Veyret et l’équipe de gauche, ont imposé en 2003 une augmentation des taux d’imposition du foncier bâti aussi brutale que vertigineuse de + 27% ! Comment il en était arrivé là ? : gestion laxiste du passage aux 35 heures, pas de rigueur de gestion des finances municipales au quotidien, recherche quasiment inexistante de subventions pour les projets d’investissement. Il est à craindre que si la liste de Laurent Bruneau incluant notamment des membres de LFI (et donc ne serait-ce qu’une partie de leur programme) venait à être en responsabilité à nouveau à la mairie d’Agen, les mêmes causes produisent les mêmes effets. On ne peut pas en effet, impunément, promettre de la gratuité à tout va - Laurent Bruneau lui-même, au conseil municipal de lundi dernier (29 septembre) à propos des fêtes d’Agen en réclamant la gratuité pour ses concerts et reprenant tout ou partiellement du programme de LFI sur les municipales, prétendant vouloir aller vers la gratuité, pour les cantines scolaires ou les transports en commun - et ne pas aboutir mécaniquement à une hausse des impôts pour les propriétaires agenais. Quand on sème de manière inconsidérée de la gratuité, les agenaises et les agenais récoltent des impôts ! En vingt ans, notre environnement économique s’est transformé et les marges financières des collectivités se sont considérablement réduites. Prétendre pouvoir tout financer sans effort fiscal est à la fois irresponsable et trompeur. Pour nous, Laurent Bruneau de plus en plus devient « Bruneau les impôts ». Jean DIONIS
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Fiscalité à Agen : quand la désinformation remplace le débat
À travers l’article publié par Quidam Hebdo, le leader de l’opposition agenaise évoque une prétendue explosion de la fiscalité locale à Agen. Ce papier, dans lequel il s’exprime longuement, illustre surtout la confusion qui s’installe quand le débat budgétaire fait défaut. Il est regrettable de voir des positions s’exprimer par médias interposés alors que, pendant 6 ans, le chef de file de l’opposition n’a jamais pris la parole sur ce sujet, pourtant central, en conseil municipal. En tant qu’adjoint aux finances depuis 2020, j’ai notamment constaté que le débat d’orientation budgétaire — moment clé qui fixe la stratégie financière à moyen terme — n’a quasiment jamais suscité de réactions de la part de notre opposition. Ce qui est regrettable, le conseil municipal étant l’enceinte où le débat démocratique doit s’exprimer. Chacun peut y exposer son point de vue, voire formuler des propositions qui peuvent être reprises par la majorité. Je n’ai pas eu la chance de vivre un tel moment.
Faute d’échanges réguliers et transparents pour éclairer les Agenais, le débat public se nourrit aujourd’hui de confusions et de chiffres fantaisistes égrenés tout au long de cet article.
Amalgames et confusion d’abord :
L’engagement numéro un de la majorité municipale actuelle est clair : « Nous n’augmenterons pas le taux de la taxe foncière (seul taux fixé par le conseil municipal) des contribuables Agenais sur toute la durée du mandat. Ce taux restera donc stable à Agen jusqu’en 2026. »
En amalgamant fiscalité et tarifs, et en cherchant à déplacer le débat fiscal sur le terrain de l’Agglomération, l’opposition entretient volontairement la confusion et occulte un fait pourtant facilement vérifiable : en 2025, cela fera 23 ans que la Ville d’Agen n’a pas modifié ses taux communaux. Notre responsabilité d’élus est d'abord d’éclairer nos concitoyens, pas de brouiller leurs repères et notre opposition se grandirait à reconnaître ce simple état de fait.
Ensuite, la Ville d’Agen et l’Agglomération d’Agen sont deux collectivités locales autonomes, dotées de compétences et de budgets distincts, avec leurs propres instances de décision : le conseil municipal pour la Ville et le conseil communautaire, composé de 44 communes, pour l’Agglomération. Il est dommage de devoir rappeler cette évidence : non, la Ville et l’Agglomération ne relèvent pas de la même gouvernance ni du même budget.
Fantaisie des chiffres ensuite :
Le candidat de la gauche et de l’extrême gauche agenaises, à travers l’article de Quidam Hebdo, évoque une explosion de la fiscalité : +70 % sur la TEOM, +45 % sur la taxe spéciale d’équipement, +40 % sur la GEMAPI ou encore +50 % sur la cantine.
Un véritable feu d’artifice de chiffres spectaculaires qui peuvent effrayer le citoyen Agenais — mais des chiffres qui, heureusement, ne reflètent pas la réalité.
Examinons-les un à un pour rétablir la réalité, avec des faits précis plutôt que des impressions. Les données présentées ci-dessous sont issues des documents budgétaires publics que chacun peut consulter sur les sites de la ville et de l’agglomération d’Agen. J’invite d’ailleurs notre opposition, par souci de transparence, à publier également les sources qui l’amènent à diffuser pareils chiffres.
La TEOM.
L’opposition parle d’une mystérieuse hausse de 70 %. Pour rappel, la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) finance la collecte et le traitement des déchets pour l’ensemble des communes de l’agglomération d’Agen.
Son taux est fixé à 11 % depuis 2020 par le conseil communautaire et n’a jamais été modifié.
L’augmentation apparente du montant perçu vient uniquement de la revalorisation nationale des bases cadastrales, décidée par l’État chaque année (+3 % à +7 %).
Confondre cette évolution mécanique, commune à tous les EPCI, avec une hausse locale relève de la manipulation.
La taxe spéciale d’équipement : une ressource foncière, mais pas municipale.
Contrairement à ce qu’affirme l’opposition, la TSE ne dépend ni de la Ville ni de l’Agglomération. La TSE est d’abord destinée à l’ensemble des territoires concernés par le tracé de la LGV et son taux est fixé nationalement.
Depuis 2025, une partie de la TSE est, elle perçue par l’Établissement Public Foncier Local Agen-Garonne (EPFL) pour financer des acquisitions foncières destinées à des projets publics. Sa création correspond à un transfert de financement : ce que l’Agglomération versait en subvention, l’EPFL le perçoit désormais directement.
Il ne s’agit ni d’un nouvel impôt local, encore moins d’une augmentation de 45 % de son taux !
La GEMAPI : protéger les Agenais contre les crues.
La GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) est une compétence confiée aux intercommunalités depuis 2018, auparavant financée par le budget général de l’Agglomération. Face à un transfert de charge non compensé par l’État, une taxe dédiée a été créée afin d’assurer un financement stable, transparent et pérenne.
Il s’agit donc d’une taxe affectée, ce qui signifie que son produit doit correspondre précisément aux dépenses engagées pour exercer la compétence, sans pouvoir excéder un plafond de 20 € par habitant.
Elle a été instaurée par l’agglomération d’Agen en 2025 et permettra de financer la protection du territoire contre les crues, l’entretien des berges, la restauration des zones humides et le renforcement des ouvrages hydrauliques. Cette compétence joue un rôle clé dans la prévention des risques naturels et l’adaptation au changement climatique. De nombreuses communes du territoire demandent d’ailleurs un renforcement des moyens, à juste titre, face à la fréquence et à l’intensité croissantes des inondations.
Le produit de cette taxe, sera revalorisée de 0,6 millions en 2026 (bien en dessous du plafond légal) pour couvrir les besoins des 44 communes qui composent l’Agglomération d’Agen. La GEMAPI nous a permis par exemple de sécuriser les communes d’Aubiac et de Roquefort, durement touchée par des inondations importantes. Il est curieux de voir notre opposition, pourtant soucieuse des effets du changement climatique, critiquer cette mesure qui vise à protéger les agenais.
Cantine et périscolaire : des ajustements très mesurés.
Les tarifs municipaux ont été gelés de 2021 à 2023, puis revalorisés de 5 % en 2024 pour suivre l’inflation alimentaire. Jusqu’en 2024, la Ville d’Agen a effectivement maintenu le gel des tarifs dits « sociaux » afin de préserver le pouvoir d’achat des familles Agenaises.
Il faut rappeler que Le budget municipal prend en charge environ la moitié du coût réel des repas, tandis que le tarif du prestataire a, lui, augmenté sous l’effet de la forte inflation observée dès 2022. Cette évolution justifie la revalorisation très modérée décidée en 2024. La même logique prévaut pour le périscolaire, où les tarifs restent différenciés selon le quotient familial, protégeant ainsi les foyers les plus modestes.
Parler d’une hausse de 50 % des tarifs de cantine et de 70 % pour le périscolaire, quand ceux-ci ont été quasi stable durant les 6 dernières années, relève soit d’une incompétence regrettable soit d’un mensonge éhonté. Dans les deux hypothèses, c’est grave et inquiétant.
La gratuité a toujours un coût.
Entrée en campagne municipale, notre opposition promet la gratuité de plusieurs services s’ils arrivaient aux responsabilités, tout en se gardant de préciser comment ces mesures seraient financées. Mais sans hausse d’impôts ni recettes nouvelles, ces promesses relèvent de la magie budgétaire. D’autant plus que nous entrons dans une période de troubles très sérieux pour les finances publiques, et que l’État sera très probablement amené à demander des efforts aux collectivités locales pour faire face à son déficit chronique.
Il y a une règle élémentaire en matière de finances publiques : chaque euro dépensé doit venir de quelque part — de l’impôt, de l’augmentation de tarifs ou d’un renoncement ailleurs.
Le débat municipal gagnerait à être franc : dire non à la hausse d’impôts tout en promettant plus de dépenses, ce n’est pas un projet — c’est une illusion.
Mohamed FELLAH
Adjoint au Maire en charge des Finances et des Ressources Humaines
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