27 janvier 2024 - 2858 vues
Les agriculteurs expriment leur mécontentement depuis plusieurs jours pour attirer l'attention sur la crise qui sévit dans le secteur agricole. En tant qu'apiculteurs, nous sommes
également impactés par ces difficultés et nous partageons cette colère. Les apiculteurs, font face eux aussi à la concurrence disproportionnée, provoquée par la mise en marché de miels d'importation à très bas coût qui engendre une grave chute de la vente des miels produits en France jamais atteinte à ce niveau.
A cette situation s'ajoutent l'augmentation du prix des carburants et des autres charges, une trop faible rémunération et une retraite insuffisante, ainsi que d'autres
défis techniques qu'ils nous faut affronter et solutionner pour garantir l'apiculture d'aujourd'hui et assurer le renouvellement des générations d'apiculteurs de demain. Face à l'inaction de l'interprofession des produits de la ruche, censée les représenter – InterApi- la colère monte parmi les apiculteurs.
Dans ce contexte économique difficile, de nombreux apiculteurs se trouvent dans l'incapacité d'écouler leur production. Lorsqu'ils parviennent à trouver des acheteurs,
ils sont souvent contraints de baisser les prix, les rapprochant dangereusement du simple coût de revient. Cette situation devenue ingérable les empêche de rembourser leurs prêts et de payer leurs salariés. Les jeunes apiculteurs, qui incarnent l'avenir de notre profession, sont particulièrement affectés.
Ayons en tête que nous consommons en France 40 000 tonnes de miel pour une production en dessous de la barre des 30 000tonnes (étude ITSAP 2023). Tout le paradoxe réside dans ces deux chiffres avec l’incapacité au binôme des conditionneurs/distributeurs d’aider la filière à écouler leur miel…. Suite aux annonces du 1er ministre de ce jour, nous estimons qu’elles ne répondent pas à nos problématiques, par conséquent nous envisageons de rejoindre le mouvement de contestation.
Notre présence aux manifestations vise donc à rappeler aux décideurs l'importance cruciale des pollinisateurs dans la production alimentaire mondiale.
C'est pourquoi nous avons décidé de nous joindre à la manifestation agricole pour exprimer notre solidarité envers nos collègues agriculteurs et contribuer à élargir le front des mécontents. Il est crucial de sensibiliser à la crise qui touche l'ensemble du secteur agricole, y compris l'apiculture, afin de promouvoir des solutions et d'obtenir un soutien concret pour assurer la durabilité de notre métier. Cela passera par un l’affichage d’une image positive de nos produits Français, pour que les consommateurs les plébiscites. Enfin, nous ne pouvons cautionner le pointage du doigt “des contraintes environnementales”. Nous soutenons vivement les politiques de protection de l’environnement et de protection des pollinisateurs, telles que la préservation des haies ou encore la récente interdiction des néonicotinoïdes -substances actives extrêmement néfastes pour les pollinisateurs et la biodiversité dans son ensemble. Face à cette crise française mais aussi dans l’UE, nos demandes se situent à deux
niveaux :
1/ Niveau national : Mesures urgentes de soutien immédiat.
- Prise en charge des cotisations MSA de l’exploitant
- Pour ceux qui ont des salariés : prise en charge des cotisations sociales patronales
- Prise en charge des intérêts d’emprunt et report de l’annuité de remboursement en
cours
- Avance de trésorerie pour la campagne apicole 2024 avec un prêt à taux 0%
- Financement et mise en place de différentes campagnes de « communication
positive » sur le miel Français à destination des consommateurs
- Ouverture d’une table de négociation entre producteur/conditionneur/distributeur
- Répression des fraudes : Intensification des analyses des miels
2/ Niveau européen : Demande de mise en œuvre de solutions durables
-Intensification des contrôles et des analyses des miels à l’importation aux frontières
de l’UE.
-Mise au point urgente de méthodes d’analyse des miels officielles et incontestables
suite à leurs validations par un ring test international inter laboratoires.
-Transparence totale des pays d’origines et des pourcentages dans l’étiquetage
-Mise en place de mesures économiques de compensation
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