Je prends acte de la décision rendue ce matin par le Conseil constitutionnel, qui juge conforme à la Constitution la loi imposant la parité dans les conseils municipaux des communes de moins de 1 000 habitants. Je ne peux que regretter cette décision, car elle entérine une réforme à la fois précipitée, déconnectée du terrain et dangereuse pour nos territoires ruraux.
Dans nos petites communes, qui sont le socle vivant de la République, les maires et les équipes municipales font déjà face à de grandes difficultés pour constituer des listes complètes. L’engagement local est souvent rare, et repose sur une poignée de citoyens volontaires. Imposer, à moins d’un an des élections, une parité rigide sans tenir compte des réalités démographiques locales revient à menacer directement la tenue même des scrutins.
En zone rurale, vouloir appliquer uniformément des règles pensées pour les grandes villes, c’est prendre le risque de voir des listes incomplètes, des candidatures découragées, et au final des communes sans élus. C’est une atteinte à la démocratie de proximité.
Nos villages sont la colonne vertébrale de la ruralité, des lieux de vie essentiels, portés par des élus de terrain qui n’ont ni moyens, ni armée de communicants, mais une volonté sincère de servir. Leur imposer des contraintes supplémentaires, sans accompagnement ni souplesse, c’est les condamner à l’asphyxie.
Je crois profondément en l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais cette égalité ne doit pas être un dogme aveugle, appliqué au mépris du bon sens. La parité ne peut réussir que si elle respecte la réalité des territoires. Ce texte, en l’état, met en péril la libre administration des communes et affaiblit gravement notre démocratie locale.
Lorsqu’une loi s’écrit sans écouter ceux qui la vivront au quotidien, c’est l’équilibre républicain que l’on met en péril.
Sénatrice de Lot-et-Garonne