15 avril 2024 - 3457 vues
Terre de Liens est un mouvement citoyen qui agit depuis 20 ans pour préserver les terres agricoles à vocation nourricière, alléger le parcours des agriculteurs qui cherchent à s'installer, et développer l'agriculture biologique et paysanne.
Cela se fait en achetant des terres, grâce à l’épargne citoyenne solidaire, en s’engageant à préserver leur vocation agricole à très long terme (pas de revente) et en assurant la reconversion vers une agriculture paysanne, respectueuse des agriculteurs, de l’environnement, des territoires et des mangeurs.
Au-delà, Terre de Liens mobilise l’opinion publique et les décideurs pour susciter une prise de conscience autour de la terre comme bien commun et impliquer le plus grand nombre dans l’avenir de nos campagnes.
Le modèle de développement agricole actuel est à bout de souffle, on le voit avec le mouvement des agriculteurs que nous venons de vivre. La faible rémunération de ce métier, la très grande inégalité de revenus, le départ massif d’agriculteurs dans les prochaines années et les difficultés d’installation menacent son avenir et sa capacité pourtant réelle à relever les défis liés à la souveraineté alimentaire, au changement climatique et à la crise de la biodiversité.
Dans ce contexte, en quoi l’agriculture est-elle concernée par le projet de création d’une Ligne à grande vitesse (LGV) dans le cadre du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) ?
Directement par la perte de terres agricoles sur le tracé de la ligne.
Indirectement aussi :
- par la perte des terres nécessaires à la fourniture des granulats pour sa construction,
- par la pression exercée sur les terres agricoles pour produire l’électricité indispensable, en particulier l’agrivoltaïsme qui, dans ses modalités de déploiement actuelles et malgré l’obligation de préserver la production agricole, exerce une concurrence déloyale avec la production alimentaire.
Terre de Liens Aquitaine
48 rue Ferdinand Buisson
33130 Bègles
09 70 20 31 32 - aquitaine@terredeliens.org
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C’est globalement un accaparement progressif des terres agricoles, direct et indirect, pour faire autre chose que de nourrir les hommes qui se poursuit et menace notre souveraineté alimentaire et alors que l’agriculture représente un formidable levier pour résoudre la crise climatique (stockage de carbone, limitation des émissions de gaz à effet de serre), environnementale (restaurer la biodiversité et réduire les nuisances) et sociale (maintien d’un tissu social dans nos campagnes).
Terre de liens ne s’oppose pas par principe aux projets d’infrastructures à condition qu’ils servent l’intérêt général, soient construits par les acteurs des territoires et répondent aux défis du moment. Or, ce projet de LGV ne répond à aucun de ces trois critères.
En outre, il contredit le discours officiel sur la transition écologique et va contre le sens de l’histoire1 alors que, face aux limites planétaires d’ores et déjà dépassées (« la fin de l’abondance »), il nous faut « ralentir » et revoir en profondeur nos modèles de développement, nos mobilités et nos modes de vie et reterritorialiser nos activités économiques et sociales. Les mesures de compensation proposées n’en sont en général pas vraiment (certains impacts ne peuvent être compensés) et ne changent en rien la logique de développement.
En revanche, la rénovation des lignes actuelles nous semble plus cohérente avec la transition écologique souhaitée et à même de répondre aux attentes de nos territoires.
C’est pourquoi Terre de liens Aquitaine considère que ce projet va à l’encontre de l’intérêt de nos territoires et de l’adaptation de nos sociétés aux défis sociaux, climatiques, écologiques et énergétiques auxquels elles font face.
1 Le président de la République Emmanuel Macron n’avait-il pas lui-même déclaré lors de l’inauguration de la LGV Ouest le 1er juillet 2017 : « …le combat que je souhaite engager pour les années à venir, c'est celui des transports du quotidien, c'est celui de l'ensemble des mobilités prioritaires à mes yeux. En quelque sorte, en venant inaugurer ce grand projet ce soir et ceux de la journée, je suis en train de vous dire : le rêve des cinq prochaines années ne doit pas être un nouveau grand projet comme celui-là…
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